Portrait de cyclistes : Loïc

Voici le portrait Loïc dont j’ai trouvé l’histoire intéressante aussi bien dans ce qui a motivé l’expérience du vélo mais également dans ce qu’elle lui a apporté. C’est le treizième portrait de cyclistes après celui de Marie-Hélène.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Loïc, je suis suisse, j’ai 31 ans et je voyage depuis un an et demi en Amérique Latine.

Parle nous de ton vélo

Mon vélo actuel, celui que j’ai acheté avant de me lancer dans l’aventure est un Ridgeback Expedition de 2021. Une randonneuse, solide (cadre en acier), pensée pour le confort et la durée avec lequel je n’ai connu quasiment aucun problème technique malgré ses 10.000 kms au compteur… Je ne compte évidemment par les crevaisons, qui elles se comptent en dizaines ! Pour le prochain voyage, c’est décidé : je partirai tubeless.

Raconte-nous ton histoire de cycliste

Mon histoire de cycliste débute à l’été 2022, dans une période difficile dans ma vie. Je venais de quitter mon emploi, et je ressentais alors un grand besoin de laisser la Suisse derrière moi pour aller m’aérer l’esprit. J’ai rapidement décidé de rejoindre deux amis qui étaient déjà en train de vadrouiller en Amérique du Sud à vélo. Je n’avais jamais fait de vélo avant, mais je voyais déjà pourquoi cette façon de voyager pouvait me plaire : passionné de montagnes, j’apprécie les longs efforts d’endurance et la pureté et l’intensité des émotions vécues par de telles expériences, positives comme négatives. Plus important encore, je me réjouissais déjà de ressentir la liberté que pouvait me procurer cette façon d’être, car en effet, plus qu’un moyen de locomotion, je voyais surtout le cyclotourisme comme une philosophie de vie. Pour finir, sensible aux questions écologiques de notre temps, il me paraissait également cohérent d’opter pour un moyen de locomotion émettant zéro CO2, en sachant que je m’autoriserais peut-être l’avion pendant ce voyage, l’idée n’étant pas nécessairement de ne jurer que par le deux-roues lors de cette première expérience.  

Comment as-tu organisé ton projet ?

Je n’ai pas organisé grand-chose à vrai dire… J’ai eu un été pour me préparer en termes de matériel. J’avais déjà une tente, un sac de couchage, des habits dits « techniques » mais pour le reste, il fallait tout commencer à zéro ! Je n’y connaissais strictement rien en vélo, il m’a donc fallu en acheter un. Évidemment, avec du recul, j’ai commis quelques erreurs : j’ai par exemple opté pour des roues de 26 pouces, alors que je mesure 1m87. J’étais également trop lourd, et ce n’est qu’avec l’expérience du terrain que je me suis rendu compte de ce qui tombait dans le superficiel ou dans l’essentiel. Au moins, mes mollets sont costauds maintenant !

Quant à l’itinéraire, l’idée était de rejoindre mes amis au Pérou, et pour la suite : « qui vivra verra ! » Fatigué d’un mode de vie ultra-planifié, organisé et pensé en avance, sans espace pour la spontanéité et l’imprévu il était vital pour moi (et mes amis partageaient la même idée) de prendre chaque jour l’un après l’autre et de s’autoriser une grande flexibilité en ce qui concernait l’itinéraire (et tout le reste d’ailleurs).

Quel a été exactement ton circuit et comment cela s’est-il passé ?

Aujourd’hui, à 10 jours de mon retour en Europe (Je prévois de rentrer en Suisse à deux-roues depuis l’Espagne où j’atterrirai), je ne peux que me sentir profondément reconnaissant pour la découverte de ce continent qui dégage une telle puissance et pour toutes les expériences vécues et les personnes formidables rencontrées.

Je me souviendrai pour toujours des premiers coups de pédale et des premières crevaisons dans les montagnes péruviennes aux milles couleurs. Ces premières semaines passées à arpenter des pics à 5000m. Les kilomètres difficiles sous un soleil d’aplomb dans un désert doré bordant l’océan Pacifique. Une danse de bienvenue au lac Titicaca. L’entrée chaotique à La Paz, cette ville surréaliste. Un premier crochet argentin sans vélo pour aller grimper l’Aconcagua, le sommet des Amériques. Le retour en bicyclette pour traverser l’est bolivien et vivre la douceur et l’élégance de l’humilité de ses gens. Puis le Brésil, vrai gros coup de cœur, 4 mois passé là-bas et beaucoup plus j’espère encore dans ma vie. Ma famille de São Paulo rencontrée pour la première fois. La chaleur d’être des Brésiliens et cette façon inexplicable de vivre la vie à travers la musique, le rythme et le soleil. La Colombie, le bonheur de faire du vélo dans un pays qui transpire le deux-roues tellement c’est le pays du cyclisme. Ses magnifiques paysages, variés. L’énergie particulière de ses forêts vitalisantes. Mon expérience chez Antoine dans son formidable hostel dans les Andes équatoriennes. Le sommet du Cayambe, volcan avoisinant les 6000m…. Et finalement cette traversée patagonienne de deux mois et demi entre l’Argentine et le Chili.

Un dernier mot ?

Le vélo m’a beaucoup apporté.

Il m’a permis de me sentir vivre à travers mon corps et mon esprit qu’il éprouvait et fortifiait à chaque coup de pédale.

Il m’a permis de m’égarer dans mes pensées pendant de longues heures, de n’avoir d’autres choix que d’aller pêcher quelques vérités d’une vase profonde sur ma propre personne afin de mieux comprendre qui j’étais et surtout qui je n’étais pas.

Il m’a permis d’apprendre un peu plus chaque jour le relativisme. Les frustrations et autres mésaventures font tellement partie du jeu qu’il est vite devenu nécessaire d’apprendre à gérer leurs effets sur mon moral et mes flux d’énergie, en séparant notamment les facteurs sur lesquels je pouvais avoir une influence et les autres que je ne contrôlais pas.

Il m’a permis de comprendre un peu mieux combien il était bon et vivifiant de me concentrer sur l’ici et maintenant. 

Il m’a permis d’avancer assez vite pour rêver de traverser les frontières, et suffisamment lentement pour pouvoir absorber pleinement ce que chaque mètre pouvait offrir.

Et surtout, il m’a permis de me sentir véritablement libre.

Si toi aussi tu souhaites avoir ton portait sur notre site, tu peux envoyer un mail à carmen@velocite-narbonne.fr

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